la philosophie en seconde...y penser ensemble

Publié par EMEL Maryse

la philosophie en seconde...y penser ensemble

je propose ici une série d'analyses sur la philosophie en seconde, et attends des réactions::

Connaître les élèves…pour construire une présence de la philosophie en seconde

D’abord, quelques chiffres

Les chiffres de l’académie de Créteil

Effectifs (public et privé)

866 300 élèves (dont post-bac : 15 000)

20 000 apprentis

80 000 étudiants

Effectifs par département (public et privé)

Premier degré : 489 900 élèves

Seine-et-Marne : 159 300

Seine-Saint-Denis : 187 800

Val-de-Marne : 142 800

Collèges : 215 600 élèves

Seine-et-Marne : 76 600

Seine-Saint-Denis : 78 100

Val-de-Marne : 60 900

Lycées : 160 800 élèves

Seine-et-Marne : 54 800

Seine-Saint-Denis : 56 700

Val-de-Marne : 49 300

Éducation prioritaire (en % des élèves)

Premier degré

Seine-et-Marne : 13,3 %

Seine-Saint-Denis : 42,5 %

Val-de-Marne : 35,0 %

Collèges

Seine-et-Marne : 21,4 %

Seine-Saint-Denis : 51,8 %

Val-de-Marne : 36,1 %

Résultats aux examens 2012

Résultats au diplôme national du brevet

Académie : 81,1 %

Seine-et-Marne : 82,3 %

Seine-Saint-Denis : 78,2 %

Val-de-Marne : 83,2 %

National : 84,5 %

Résultats au baccalauréat général

Académie : 85,1 %

Seine-et-Marne : 87,2 %

Seine-Saint-Denis : 80,9 %

Val-de-Marne : 87,0 %

National : 89,5 %

Résultats au baccalauréat technologique

Académie : 76,6 %

Seine-et-Marne : 81,2 %

Seine-Saint-Denis : 73,4 %

Val-de-Marne : 75,3 %

National : 83,4 %

Résultats au baccalauréat professionnel

Académie : 67,9 %

Seine-et-Marne : 70,7 %

Seine-Saint-Denis : 65,9 %

Val-de-Marne : 67,5 %

National : 77,4 %

Résultats au CAP (secteur public)

Académie : 79,7 %

Seine-et-Marne : 82,7 %

Seine-Saint-Denis : 76,7 %

Val-de-Marne : 81,1 %

National : 82,8 %

Résultats au BTS (secteur public)

Académie : 61,0 %

Seine-et-Marne : 62,7 %

Seine-Saint-Denis : 57,8 %

Val-de-Marne : 62,4 %

National : 71,8 %

Population totale et pourcentage des moins de 20 ans (national : 25 %)

Académie : 4 148 000 (28 %)

Seine-et-Marne : 1 313 000 (28 %)

Seine-Saint-Denis : 1 516 000 (29 %)

Val-de-Marne : 1 319 000 (26 %)

Taux de chômage (métropole : 9,6 %)

Seine-et-Marne : 7,7 %

Seine-Saint-Denis : 12,2 %

Val-de-Marne : 8,4 %

Les établissements

2525 écoles publiques et 122 privées

351 collèges publics et 78 privés

131 lycées G, GT et polyvalents publics et 52 privés

42 lycées professionnels publics dont 3 EREA, et 25 privés

4 universités

40 CIO

131 collèges ECLAIR et en RRS

58 « lycée des métiers »

90 SEGPA dans les collèges publics

Philosopher en seconde…ou prendre la parole.

« J'éprouvais un sentiment d'étrangeté, l'étonnement et l'émerveillement d'être là. En même temps, j'avais l'impression d'être immergé dans le monde, d'en faire partie, le monde s'étendant depuis le plus petit brin d'herbe jusqu'aux étoiles. Ce monde m'était présent, intensément présent. Bien plus tard, je devais découvrir que cette prise de conscience de mon immersion dans le monde, cette impression d'appartenance au Tout, était ce que Romain Rolland a appelé le sentiment océanique. Je crois que je suis philosophe depuis ce temps-là, si l'on entend par philosophie cette conscience de l'existence, de l'être-au-monde ». P.Hadot

 S’interroger sur les raisons qui conduisent à promouvoir la philosophie en seconde…

Comment expliquer et justifier la présence de la philosophie en seconde et surtout sous quelle forme ?

A-t-elle pour tâche de réduire les disparités sociales et territoriales des trois départements de l’Académie de Créteil, dont le département de Seine Saint Denis est le plus touché? Ce serait un but certes ambitieux, mais aussi bien prétentieux…nous renvoyant au mythe d’un philosophe-roi, frisant la tyrannie.

Est-elle vraiment là, uniquement, pour conduire au baccalauréat ? Cependant l’urgence de certains établissements peut être, et est bien souvent, de privilégier d’autres choix que la philosophie, pour conduire les élèves au Baccalauréat, ce qui montre que dans ce domaine elle n’est pas si indispensable que cela. Les résultats montrent des progrès non imputables à la philosophie, puisqu’elle n’est pas présente encore en classe de seconde. Cependant l’existence d’un certain nombre de projets, pas nécessairement liés directement à l’examen méritent d’être examinés car ils ont probablement eu une incidence non négligeable. C’est d’ailleurs pourquoi il est important de faire le point sur eux afin d’en mesurer la portée.

A ce premier ensemble de difficultés afin d’établir son rôle en seconde, s’en greffe un autre, à savoir le poids horaire des cours, pour les élèves comme pour les professeurs. Il y a des limites à l'attention et il ne s’agit pas de transformer la philosophie en un pensum rébarbatif….De même la pression liée à la correction des copies entame bien souvent l’enthousiasme de plus d’un professeur.

Troisième ensemble de difficultés, non des moindres, le risque d’entretenir une mythologie de l’Académie, si on réduit son image à celle de la misère et de la délinquance, en s’appuyant sur les chiffres de l’enquête jointe plus haut. En effet, si la philosophie se présente comme un placébo pour réduire l’inquiétude des élèves, ou plutôt des parents, à son égard, dans un cadre géographique et social démuni économiquement et culturellement, on peut s’interroger à juste titre sur le sens implicite du rôle qui lui est ainsi dévolu.…Le reproche fait à la philosophie d’être « compliquée », d’avoir un langage complexe, mérite qu’on s’y attarde, car derrière des reproches on peut parfois voir surgir des lueurs de vérité…et de domination de la philosophie, qui devraient être incompatibles avec son essence.

 La parole au cœur des demandes

Regardons les résultats au bac. Globalement en progression depuis quelques années, ils cachent cependant la baisse des résultats des Bacs Professionnels, sur lesquels nous reviendrons ultérieurement. A moins de s’enfermer dans un déterminisme total, on ne peut pas ramener la baisse des résultats qu’à des conditions socio-économiques, même si sur l’Académie, le département du 93 concentre beaucoup trop de malaises, de chômage et de dégradation des conditions de vie…concentration localisée dans certaines communes du département. Des trois départements, il a les taux de réussite les plus faibles. Cependant, à conditions égales, certains réussissent, d’autre non. Certains sont même admis à Sciences Po par le biais de la convention ou encore dans des classes préparatoires prestigieuses. La misère est loin de tout expliquer. Par conséquent pour justifier la philosophie en seconde, on partira de l’analyse de l’échec, mais aussi de la réussite au Baccalauréat, sans toutefois négliger le post-bac. Cependant nous réduirons les analyses économiques, pour sortir les élèves de la stigmatisation, et comme nous venons de le dire parce qu’elle n’explique pas tout. Certains projets d’établissement se chargent de lutter d’ailleurs de lutter contre cet état de fait et tentent avec leurs moyens d’instituer une certaine équité…

.C’est sur la liberté et la pensée critique que la philosophie a un rôle à jouer. Ceci est d’autant plus important, que comme nous venons de le souligner, les élèves retournent souvent l’argument social au profit d’une certaine paresse, les autorisant à ne rien faire. Amener l’élève à une réelle majorité, telle est, peut-être, la finalité essentielle de la présence de la philosophie dans les classes de seconde. La réforme des lycées insiste sur l’accompagnement des élèves, mais surtout sur le développement de leur singularité. Au terme du lycée, l’élève doit se connaître pour agir en connaissance de causes… « Connais-toi, toi-même », disait la philosophie à ses débuts. « Deviens ce que tu es » dira Nietzsche, reprenant la formule apollonienne.

Le net dont les élèves sont friands, déverse des informations….La réforme insiste sur les méthodes, l’accompagnement, sur des valeurs républicaines transmises par les livres, ou des travaux interdisciplinaires. Ce n’est pas parce qu’on aura lu tous les livres qu’on sera philosophe nous disait Descartes. Le savoir n’est pas qu’encyclopédique. Hegel disait qu’il fallait connaître la grammaire avant de philosopher. Il faut rajouter la capacité à persuader et convaincre, et la faire vivre aux élèves. Ainsi la philosophie en seconde est-elle peut-être le rare moment gratuit, où la parole attend la parole, et rien d’autre. Une parole au service de la découverte de soi, du contrôle et de la maîtrise des affects, de la reprise d’un savoir acquis. Il s’agit de mener les élèves à une parole qui n’est plus du bavardage. La plus grande difficulté de nos cours n’est-elle pas cette parole bruyante qui recouvre le cours fluide de la pensée qui se dit ? On ne cesse de dire que les élèves savent parler. Non ils ne parlent pas…ils comblent par des mots épars, du rire, des cris parfois, la crainte de parler pour autrui…

Le professeur de philosophie de seconde devrait ainsi contribuer à libérer la parole de l’élève.

Or, la maîtrise de la langue est une des données essentielles de la réussite au Baccalauréat, et plus largement dans la vie professionnelle

 La philosophie, une promenade

Se promener sur les chemins des mots...peut-être une façon différente de concevoir la philosophie en seconde, qui se démarque ainsi de la terminale. Tisser un dialogue qui part de choses ordinaires (voir l’expérimentation sur l’Académie de Montpellier), pour comprendre que les mots et l’attention qu’on y porte, sont essentiels dans l’exercice philosophique.

Dialoguer c’est chercher l’ouverture, décadrer pour recadrer : le dialogue surgit de la rencontre, de la surprise. Il n’y a pas de programme pour un dialogue, il s’invente à chaque fois, chaque rencontre, chaque individu qu’il met en présence.

Philosopher en seconde, c’est plus que simplement délivrer un savoir : c’est vivre la philosophie dans son mouvement, sa promenade…c’est de l’intérieur qu’on la comprend le mieux…

C’est à cette intériorisation de la philosophie qu’il faut accompagner l’élève.

Philosopher en seconde ne saurait être dès lors un cours…

Mais une immersion dans l’acte de la pensée elle-même, portée par les mots, la parole.

Mon site est conçu aussi pour rendre compte de cette parole-élève.

Maryse Emel

A suivre : les modalités possibles de cette promenade

la philosophie en seconde...y penser ensemble

Bulletin officiel n°9 du 3 mars 2011

Enseignements primaire et secondaire

« Philosophie au lycée avant la classe terminale »

Appel à projets

NOR : MENE1100064C

circulaire n° 2011-023 du 21-2-2011

MEN - DGESCO A3-1

________________________________________

Texte adressé aux rectrices et recteurs d'académie ; aux inspectrices et inspecteurs d'académie-inspectrices et inspecteurs pédagogiques régionaux ; aux proviseurs ; aux professeurs

________________________________________

L'enseignement de la philosophie au lycée a sa place dans la classe terminale des séries générales et technologiques. Il y poursuit une double finalité : « favoriser l'accès de chaque élève à l'exercice réfléchi du jugement et lui offrir une culture philosophique initiale ». Cet enseignement est maintenu dans ses programmes, finalités, contenus et horaires actuels.

En outre, à partir de la rentrée 2011, des interventions de professeurs de philosophie en classe de seconde et dans les trois séries de première générale du lycée pourront être développées et organisées dans le cadre des projets d'établissement et dans le respect des marges d'autonomie offertes par la réforme du lycée. Ces interventions aborderont des problématiques variées en relation avec les programmes de l'ensemble des disciplines enseignées.

Il est important que les interventions des professeurs de philosophie en classes de seconde et de première, en coordination avec les autres professeurs, puissent concerner tous les enseignements, scientifiques, littéraires et artistiques.

Ces interventions auront pour objectif de préparer l'élève « à développer l'aptitude à l'analyse, le goût des notions exactes et le sens de la responsabilité intellectuelle ». En lien avec les différentes disciplines, elles contribueront également à donner à l'élève la perception de l'unité des savoirs et le sens de la rigueur intellectuelle.

À ce stade du parcours des élèves, cette première approche de la démarche philosophique n'a pas pour but de transmettre un corpus philosophique aux lycéens, mais de les entraîner progressivement à construire une réflexion rigoureuse. Cette démarche apporte sa contribution aux grands objectifs assignés au lycée ; elle aide notamment les élèves à gagner en autonomie et elle favorise une orientation personnelle et réfléchie.

Objectifs

1. Accompagner la progression vers la maturité intellectuelle

La pratique de la philosophie stimule la réflexion, incite à l'analyse, contribue à la formation du jugement et favorise l'accession à l'autonomie.

Cette pratique, qui encourage le développement de la réflexion personnelle, a des conséquences sur la découverte de soi et donc sur l'élaboration d'un projet personnel d'orientation (choix des options, voies et séries proposées), et sur la construction d'un projet professionnel.

2. Donner plus de sens au parcours scolaire par des pratiques interdisciplinaires

L'intervention des professeurs de philosophie est conçue selon des modalités différentes de celles de la classe terminale ; elle prend, en particulier, une forme interdisciplinaire. La présence d'un professeur de philosophie dans le cours d'un professeur d'une autre discipline met en perspective les disciplines et les savoirs. Elle aide l'élève à mieux percevoir et comprendre leurs liens.

Cette approche interdisciplinaire met l'élève en situation de réfléchir au statut des connaissances qu'il acquiert. Elle peut également le conduire à s'interroger sur l'utilisation et les apports des outils technologiques d'information, de communication et de connaissance.

L'élève saisit mieux le sens de son parcours de formation au lycée ; son intérêt s'en trouve renforcé.

3. Familiariser les lycéens avec la pratique de la philosophie

En seconde ou en première, cette approche des démarches philosophiques prépare l'apprentissage de la philosophie en classe terminale. Les projets, conçus sous une forme interdisciplinaire, ancrent une discipline nouvelle pour les élèves dans des enseignements connus ou familiers. Mieux informés et sensibilisés, les élèves abordent avec de meilleures chances de réussite la classe terminale et la préparation des épreuves du baccalauréat.

En répondant aux interrogations des élèves, la découverte de la philosophie peut également encourager l'orientation vers la série littéraire.

Modalités

1. Interventions ciblées d'un professeur de philosophie dans les cours d'autres disciplines (classes de seconde et de première)

En seconde comme en première, cette introduction de la philosophie prend prioritairement la forme d'interventions ciblées d'un professeur de philosophie dans les cours d'autres disciplines ou enseignements.

Il est nécessaire de concevoir clairement l'articulation entre l'intervention proposée et la discipline concernée. Un véritable projet, concerté et préparé en commun, est élaboré par les professeurs qui en assurent ensemble la mise en œuvre. Le professeur de philosophie s'attachera à analyser les notions et les problèmes permettant d'appréhender différemment et de façon complémentaire les thèmes et connaissances prévus par les programmes des différentes disciplines.

Ces interventions peuvent se faire dans toutes les disciplines du tronc commun, dans les enseignements d'exploration en seconde ou dans les enseignements spécifiques en première. Une liste indicative de sujets est donnée dans l'annexe ci-jointe.

Elles se dérouleront, pour chaque sujet, dans un horaire compris entre 2 et 12 heures, et ne devront pas dépasser en totalité 36 heures par année scolaire et par classe.

2. Prise en charge d'une partie de l'accompagnement personnalisé (classes de seconde et de première)

Un professeur de philosophie peut prendre en charge une partie des 72 heures annuelles d'accompagnement personnalisé, de préférence en collaboration avec un ou plusieurs enseignants d'autres disciplines.

Tenant compte de la liste indicative des sujets donnée en annexe, le projet proposé s'inscrit alors dans le cadre des objectifs assignés aux heures d'accompagnement personnalisé, notamment : aider les élèves à gagner en autonomie et accompagner leur projet d'orientation (cf. objectif n°1) ; mener avec eux des travaux interdisciplinaires (cf. objectif n°2).

3. Participation aux travaux personnels encadrés (classe de première)

Les professeurs de philosophie peuvent prendre part à l'encadrement des travaux personnels encadrés (TPE), dispositif à caractère pluridisciplinaire. Ils contribuent à atteindre deux grands objectifs assignés aux TPE : développer l'autonomie des élèves (cf. objectif n°1) ; leur faire découvrir les liens qui existent entre les différentes disciplines et percevoir la cohérence des savoirs scolaires (cf. objectif n°2).

Sauf dans le cas des TPE, ces interventions ne donnent pas lieu à une évaluation finale sous forme de notation. Toutefois les professeurs doivent veiller à évaluer les acquis des élèves au cours même de leurs interventions, qui ne se réduisent pas à de simples exposés ou conférences.

Mise en œuvre

Le ministère lance pour la rentrée 2011 un appel à projets sur l'introduction de la philosophie en classe de seconde générale et technologique et en classe de première des séries générales. L'extension de cette expérimentation à la classe de première des séries technologiques pourra être envisagée à partir de la rentrée 2012.

Le recteur organise le recensement des projets proposés par les établissements et fixe les modalités de sélection et d'évaluation des projets, en lien avec les IA-IPR de philosophie. La liste des projets retenus est publiée au niveau académique et transmise à la direction générale de l'enseignement scolaire en avril 2011.

Les projets sont financés dans le cadre des dotations académiques.

Comme pour toute expérimentation, les équipes pédagogiques veillent à prévoir une évaluation et un bilan du dispositif mis en place.

Les services académiques, et plus spécialement les IA-IPR de philosophie, recueillent et analysent les bilans transmis par les établissements au plus tard en mai 2012.

La direction générale de l'enseignement scolaire centralise les synthèses académiques en fin d'année scolaire et élabore une évaluation de ces expérimentations en lien avec l'inspection générale de l'Éducation nationale.

Le cahier des charges de cette expérimentation est joint en annexe.

Pour le ministre de l'Éducation nationale, de la Jeunesse et de la Vie associative

et par délégation,

Le directeur général de l'enseignement scolaire,

Jean-Michel Blanquer

Annexe

Cahier des charges

Les interventions des professeurs de philosophie en classes de seconde et de première, en coordination avec les autres professeurs, devront concerner de façon équilibrée tous les enseignements scientifiques, littéraires et artistiques, afin que les élèves comprennent que la philosophie a pour vocation de s'attacher à l'ensemble de la culture enseignée au lycée, à laquelle elle peut apporter l'éclairage historique, réflexif et critique qui est le sien.

I. En classe de seconde générale et technologique

Pour guider le choix des professeurs de philosophie, une liste indicative de sujets à traiter en priorité en relation avec les programmes de seconde est fournie ci-dessous :

Français

- « Réalité et réalisme », ou bien « Le concept de naturalisme », en relation avec « Le roman et la nouvelle au XIXème siècle : réalisme et naturalisme ».

- « Persuader et démontrer », en relation avec « Genres et formes de l'argumentation : XVIIème et XVIIIème siècle ».

Histoire-géographie

- « La question du meilleur régime politique », en relation avec « Citoyenneté et démocratie à Athènes (Vème-IVème siècle

av. J-C) ».

- « Science, technique et représentations du monde », en relation avec « L'essor d'un nouvel esprit scientifique et technique (XVIème-XVIIème siècle) ».

- « L'idée de Lumières », en relation avec « La Révolution française : l'affirmation d'un nouvel univers politique ».

- « Progrès, risques, développement », ou bien « Société et développement durable », en relation avec le programme de géographie.

Histoire des arts

- Le professeur de philosophie choisira dans le programme de l'enseignement de l'histoire des arts les questions à dimension philosophique qu'il souhaitera aborder.

Mathématiques

- « La variété des signes (symboles, graphes, images, courbes, etc.) et leurs fonctions », en relation avec « Notations et raisonnement mathématiques ».

- « Le hasard et la chance », en relation avec « Statistiques et probabilité ».

Physique-chimie

- « Les atomismes », en relation avec « L'atome ».

- « Mouvement et repos », en relation avec « Le mouvement ».

Sciences de la vie et de la Terre

- « Le concept d'évolution », en relation avec « La biodiversité, résultat et étape de l'évolution ».

- « Nature, milieu, environnement », en relation avec « Enjeux planétaires contemporains : énergie, sol ».

Enseignements d'exploration

- Le professeur de philosophie pourra intervenir dans le cadre des enseignements d'exploration. Il le fera par la formulation de problèmes, l'analyse de concepts, la présentation de textes relevant de sa discipline.

II. En classe de première (séries générales et technologiques)

Pour guider le choix des professeurs de philosophie, une liste indicative des sujets à traiter en priorité en relation avec les programmes de première est fournie ci-dessous :

Français toutes séries

- « Lecteur et spectateur », en relation avec « Le texte théâtral et sa représentation, du XVIIème siècle à nos jours ».

- « Poésie et vérité » en relation avec « Écriture poétique et quête du sens, du Moyen Âge à nos jours ».

Enseignement littéraire en série L

- « L'idée d'humanisme », en relation avec « Vers un espace culturel européen : Renaissance et humanisme ».

Histoire-géographie

- « La notion de totalitarisme », en relation avec « Le siècle des totalitarismes ».

- « L'idée d'Europe », en relation avec « France et Europe ».

- « Le problème d'un ordre mondial », en relation avec les thèmes 1, 2 ou 4 du programme d'histoire.

- « Espaces, territoires, frontières », en relation avec les thèmes 1 à 4 du programme de géographie.

Histoire des arts

- Le professeur de philosophie choisira dans le programme de l'enseignement de l'histoire des arts les questions à dimension philosophique qu'il souhaitera aborder.

Sciences économiques et sociales en série ES

- « Les sources philosophiques de la pensée économique », en relation avec « Les grandes questions des économistes ».

- « Sociétés, communautés, identités », en relation avec « Sociologie générale et sociologie politique ».

Mathématiques en série ES et L

- « Parier, risquer, choisir », en relation avec « Probabilité ».

Sciences en série ES et L

- « Qu'est-ce que voir ? », en relation avec « Représentation visuelle (De l'oeil au cerveau) ».

- « Genre humain, espèce humaine, idée d'humanité », en relation avec « Nourrir l'humanité », ou bien « Féminin/masculin », ou bien « Activités humaines et besoins en énergie ».

Littérature étrangère en série L

- « Langues, cultures, littératures «, en relation avec l'ensemble des thématiques du programme.

Arts

- « Que veut dire pratiquer un art ? », en relation avec l'une ou l'autre des pratiques artistiques prévues au programme.

Mathématiques en série S

- « L'idée d'infini », en relation avec « Dérivation ».

- « Pensée et calcul », en relation avec « L'algorithmique ».

Physique-chimie en série S

- « Perception et réalité », en relation avec « Couleur, vision et image ».

- « Qu'est-ce qu'une loi scientifique ? », en relation avec « Comprendre : lois et modèles ».

Sciences de la vie et de la Terre en série S

- « Les enjeux des biotechnologies », en relation avec « Corps humain et santé ».

- « Le cerveau et la pensée : de nouvelles approches ? », en relation avec « Cerveau et vision : aires cérébrales et plasticité ».

Sciences de l'ingénieur en série S

- « Information et communication », ou bien « Qu'est-ce qu'une expérimentation ? », en relation avec l'ensemble du programme.

Évolution des pratiques : « La dissertation n'est pas le problème »

Entretien avec Paul Mathias, Inspecteur Général de philosophie

Alors que les établissements préparent en hâte les enseignements de philosophie en classe de Seconde et de Première voulus par le Ministre, l'évolution de l'enseignement de la philosophie semble s'imposer dans les faits, tandis que l'approche d'une nouvelle session du baccalauréat laisse prévoir de nouveaux débats sur la nature des épreuves de philosophie et leur évaluation. Pour Paul Mathias, Inspecteur général de philosophie, les enseignants doivent s'adapter davantage.

L'actuel élargissement de l'enseignement de la philosophie au lycée est-il une promesse d'avenir, ou l'ultime tentative pour sauver une discipline moribonde ?

Je ne pense pas que la discipline soit moribonde ! Il y a un problème institutionnel de la filière littéraire, qui est dû à un manque de lisibilité : on pense parfois qu'elle ne conduit qu'aux CPGE littéraires, puis à rien, puisque seuls 5% environ d'étudiants réussissent les concours ENS. La rénovation des filières littéraires post-bac de 2007, le rapprochement entre ENS et IEP ou d'autres écoles, va avoir des effets considérables sur l'ensemble de la filière : on va se rendre compte qu'on y apprend à raisonner, à juger, avec finesse et culture, de la réalité contemporaine et que cela rend capable de mener une carrière dans le journalisme, dans le domaine politique, le domaine commercial...

Quant à la philosophie, qui est la charpente de cette filière, elle connait un changement de situation objective : on n'a plus affaire au même public qu'à l'époque où une fraction étroite et privilégiée de la société française accédait au lycée. Mais loin de tomber en désuétude, elle est sanctuarisée en Terminale, dans les filières générales et dans les filières technologiques, et il n'est pas question pour le moment d'y renoncer. Ce que propose le Ministre, c'est de l'étendre à d'autres classes, selon des modalités différentes.

Peut-on en attendre de nouvelles formes d'enseignement de la philosophie au lycée ?

Chaque chose en son temps. Les professeurs de philosophie sont invités à se joindre à d'autres collègues, de SVT, de mathématiques, de langues, de lettres, d'histoire, pour partager un intérêt pour une notion, un problème ou une difficulté et apporter un éclairage philosophique sur ces questions. C'est nouveau et ce n'est pas dans les habitudes ; il faut que tout le monde ait envie de bouger : partager le temps, les compétences, les élèves, et surtout travailler ensemble.

Dans un contexte de réduction drastique des horaires et des postes ?

Il n'y aura ni plus d'enseignants, ni plus d'heures d'enseignements distribuées. Il revient aux professeurs de se mettre d'accord pour partager quelques heures en collaboration, de manière amicale et fraternelle, afin de montrer qu'il y a des approches différentes sur de mêmes sujets.

Sans moments prévus pour la concertation ?

On ne rémunère pas le temps de préparation des cours, mais le temps de présence face aux élèves. Au lieu de préparer son cours tout seul, le professeur le préparera avec un autre professeur. Je ne vois pas le problème... Personnellement, je l'ai fait, au Lycée Henri IV en CPES, avec mon collègue de chimie, nous avons travaillé ensemble et partagé nos heures, très agréablement, même si cela nous a pris un peu plus de temps. Nous avons mené ce travail en classe pendant quatre heures.

Dans la filière L, on trouve parfois des élèves qui ne sont pas vraiment préparés à un programme aussi conséquent et exigeant en philosophie ; n'y a-t-il pas un problème lié à l'orientation ?

Si la filière L est une filière par défaut, alors oui ; mais si c'est une filière avec une ouverture réelle et des débouchés, alors l'argument ne tient pas. L'important est qu'on puisse tirer parti de ce qu'on a appris, pour réussir dans les études supérieures. Les CPGE concernent de plus en plus d'élèves. L'objectif de l’Éducation nationale est qu'elles ne soient plus le lieu d'exception pour des élèves d'exception, pour des catégories professionnelles d'exception. Il faut que tous les élèves méritants, tous ceux qui en ont envie également, puissent accéder aux classes préparatoires, qu'il s'agisse de classes scientifiques, économiques ou littéraires.

Est-il question d'ouvrir des classes préparatoires supplémentaires, pour accueillir plus d'élèves ?

C'est une question technique et de gestion qui ne peut pas concerner l’Inspecteur général, qui n'a pas accès à ce type de dossiers.

L'évaluation au bac est toujours très discutée. Certains estiment qu'on demande aux élèves de réussir à l'examen ce qu'on ne leur a pas appris à faire, d'autres pensent que la dissertation reste la seule forme satisfaisante de déploiement de la pensée. Est-il prévu d'engager une réflexion sur ce problème ?

La question de la dissertation au baccalauréat est explosive parce qu'elle concentre de multiples désaccords et des positions très tendues, très opposées. Si on raisonne en termes pratiques, peut-on lui substituer un autre type d'exercice ? Il y en a deux : un questionnaire à choix multiples - mais on renonce à ce qui fait l'intérêt de la philosophie ; ou un oral, ce qui serait souhaitable pour bon nombre d'élèves bons raisonneurs, futés, capables de tirer parti d'un texte ou d'une question, mais qui aurait un coût démentiel, que l'institution ne peut pas assumer. Il y aurait aussi l'hypothèse du contrôle continu, qui reste une hypothèse. De toute façon, dès lors qu'il concerne des centaines de milliers de personnes, l'examen reste un problème très lourd, on ne peut pas le contester.

Personne n'envisage sérieusement les QCM ; mais n'y aurait-il pas d'autres formes d'exercices écrits, comme ceux qui sont pratiqués en classe pendant l'année, qui pourraient constituer un intermédiaire acceptable ?

C'est ce que l'on fait dans la série technologique, où il y a des questions sur le texte, avec une petite question de dissertation, mais qui renvoie au texte. Dans les séries générales, on essaie de préserver la spécificité littéraire plus approfondie de la dissertation.

Mais la dissertation n'est pas le problème : c'est peut-être plutôt l'accord auquel il faudrait parvenir dans les commissions d'harmonisation du baccalauréat, sur les exigences et l'appréciation des copies. Il y a une très grande disparité dans l'appréciation que les professeurs peuvent avoir des dissertations. On peut se poser la question : est-ce que ce sont les élèves qui sont en cause, les exercices ou la diversité des regards portés sur les copies ?

L'évaluation des copies du baccalauréat est difficile, mais le principe devrait en être la bienveillance, eu égard à la rhétorique, aux connaissances acquises du candidat : il ne faut pas chercher à dénoncer les défauts de la copie, mais à en valoriser ses qualités : le contenu, la rhétorique, la langue, le raisonnement, la forme.

On ne peut guère demander aux jeunes gens d'être très pointus sur une question quelconque ; on peut leur demander d'être bons raisonneurs, d'écrire convenablement, de savoir plus ou moins de choses, de mener des raisonnements plus ou moins approfondis. Mais en tout cela, il faut faire preuve d'indulgence. L'image que peut avoir la philosophie dans le public, auprès des familles, des jeunes gens, tient davantage aux mauvaises expériences du baccalauréat qu'à l’excellent travail des professeurs.

C'est donc aux professeurs de s'adapter mieux à leur public ?

C'est très certain !

Ne serait-il pas alors pertinent de leur proposer une formation plus régulière, des moments de réflexion et de concertation hors de la période du baccalauréat, pour se remettre en accord sur les principes de méthode et d'évaluation ?

Pourquoi, dès qu'on entre dans la carrière on ne sait plus ? Ce serait quoi, une formation plus régulière ? Former à quoi ? A l'accueil des élèves, à leur diversité ?

Plutôt se rencontrer autour de copies d'élèves et en discuter pour essayer d'harmoniser les pratiques et les exigences, essayer de construire d’autres approches ?

C'est une idée raisonnable. Mais le problème serait la mise en place, le dispositif, la mobilisation des recteurs, des corps d'inspection - et la bonne volonté des professeurs – je pense aux commissions d'harmonisation qui ne sont pas toujours très suivies, il est même arrivé qu'il n'y en ait pas du tout, du fait de l'environnement académique. Non, ce qui est important, c'est d'être à l'écoute de ses collègues dans ces réunions d'harmonisation du baccalauréat, pour réussir à s'entendre.