Présentation des villes de l'Académie de Créteil

Présentation des villes de l'Académie de Créteil

Rencontrer les villes de l'Académie peut surprendre la première fois qu'on y arrive. Rares sont les apologies des trois départements. Spontanément on identifie ces villes au désordre, au bruit, à la violence, aux grands immeubles, aux "cités" comme on dit, à la solitude, à un temps jamais immobile...Bien sûr il ne s'agit pas de dire que ces représentations sont complètement fausses. Toutefois il convient de nuancer, de sortir des généralités pour mieux saisir la spécificité d'une Académie aux espaces diversifiés. Une ville doit être vue en déambulant de préférence à pieds. Lenteur nécessaire à la découverte...découverte des lignes droites ou sinueuses, des cercles rassembleurs, des cubes et des volumes...découverte de l'écriture géométrique de la ville. Mais une ville n'est pas que cela, elle est mise en présence d'individus qui entretiennent entre eux des échanges, source de ce qu'il est convenu d'appeler "lien social"....En exergue à Le sermon sur la chute de Rome, Jérôme Ferrari écrivait: "peut-être Rome n'a-t-elle pas péri si les Romains ne périssent pas". la géométrisation de l'espace n'est durable que par son incarnation, un peu comme cette chair du concept de Merleau-Ponty ou la grâce de Plotin, achevant l'idée de beau.

Comment entretenir une relation organique avec un espace aux lignes géométriques?

(De la même façon, on peut se questionner sur l'école, espace de la ligne rigoureuse, dans son rapport au corps des élèves et des professeurs. )

Comment comprendre que ce monde puisse devenir immonde producteur d'immondices?

Quand le paysan allait en ville ( souvent un simple bourg), il avait le sentiment d'une rupture. La ville est en effet espace séparé comme le rappelle le mythe de la naissance de Rome: - En traçant le pomoerium, le sillon sacré délimitant l’enceinte de Rome, Romulus accomplit un acte culturel et cultuel…Le monde de l’homme est fait de délimitations, de clôtures, au sens où elles sont censées garantir la paix et l’ordre.

La ville est donc un espace séparé avec ses espaces propres, son temps propre, ses jardins qui disciplinent la nature, ses règles, sa verticalité (voir la tour de Babel qui effraie tant le Dieu de la Bible), ses échanges fondés sur le langage, et qui ne se réduisent pas dès lors à l’économique.

Lieu séparé qui ne peut être sans rassembler autour de règles communes. Le refus des règles c'est le surgissement de l'atomisation des individus, de la perte du langage commun et du surgissement de la violence.

"Dans cette situation d'aliénation du monde radicale, ni l'histoire ni la nature ne sont plus du tout concevables. Cette double disparition du monde -la disparition de la nature et celle de l'artifice humain au sens le plus large, qui inclurait toute l'histoire- a laissé derrière elle une société d'hommes, qui, privés d'un monde commun qui les relierait et les séparerait en même temps, vivent dans une séparation et un isolement sans espoir, ou bien sont pressés ensemble en une masse. Car une société de masse n'est rien de plus que cette espèce de vie organisée qui s'établit automatiquement parmi les êtres humains quand ceux-ci conservent des rapports entre eux mais ont perdu le monde autrefois commun à tous."
La crise de la culture (Between Past and Future,1954), Gallimard Folio (1989), pp. 119-120.

C'est cela peut-être la vraie violence que vit celui qui arrive dans une ville étrangère: la rupture, l'étrange, la méfiance, l'autre de l'habitude...l'impossible fusion, la difficulté à trouver les mots . La campagne évoque tout l'inverse, mythe rassurant...mais mythe. Il suffit de se rappeler de la critique engagée par Rousseau contre l'agriculture, pour comprendre que séparation et division trouvent leur fondement dans la vie campagnarde, et plus profondément en l'homme.

La ville fait peur, il y a en elle une part d''ombre. L'ombre de l'exploitation et de la misère, le risque permanent de la chute (pensons aux films-catastrophe), l'ombre de l'âme humaine et à ce titre la ville donne à penser une véritable anthropologie:

Subway de Luc Bresson renvoie à une matrice archaïque que symbolise le métro dans les profondeurs du métro. (http://www.youtube.com/v/i_QcDmtMbAw&fs=1&source=uds&autoplay=1)...à une sorte d'animalité fondamentale...que la ville recouvre et dévoile en même temps.

Abordée différemment la ville fait miroir social, comme dans Les lumières de la ville de Chaplin http://www.youtube.com/v/1bo866V7iOA&fs=1&source=uds&autoplay=1

http://www.dvdclassik.com/critique/les-lumieres-de-la-ville-chaplin

Taxi Driver donne à voir la ville-cauchemar. http://www.cineclubdecaen.com/realisat/scorsese/taxidriver.htm

Cependant, quelque part, cette représentation de la ville n'est pas sans faire écho à une certaine représentation de la banlieue (ici l'Académie de Créteil, trop proche de Paris et trop proche de la campagne. Une image qui affecte les lycées et autres établissements scolaires de l'Académie. C'est cette idée préconçue qu'il faut comprendre afin de, non seulement cesser de fantasmer sur les banlieues (ce qui est au ban, que l'on met en commun, dans un premier sens étymologique, ce n'est que dans un deuxième temps que le te terme renvoie à exclure, "bannir"), mais aussi de réfléchir la tâche des lycées et de la philosophie dans ce qu'on peut appeler l' "espace à créer" qu'est ce paysage en mouvement, jamais achevé, nullement monumentalisé, cette "poiesis" en acte où Roubaud verra un modèle pour l'écriture poétique. La banlieue c'est aussi le partage, des mots, de la violence.....c'est un langage...qui influe sur le langage.

http://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-1996-06-0077-004


« l’air de la ville rend libre »  vieil adage du Moyen  Age

"ce qui vient au monde pour ne rien troubler ne mérite ni égards ni patience" René Char, Fureur et Mystère, 1948

lien utile: http://www.ac-creteil.fr/pa/pa.php?page=5

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Quelques sources:
  1. L'académie de Strasbourg présente un dossier ville et cinéma : http://www-zope.ac-strasbourg.fr/sections/enseignements/secondaire/pedagogie/les_disciplines/histoire-geographie/sections/enseignements/secondaire/pedagogie/les_disciplines/histoire-geographie/cinema__histoire/filmographies/la_ville_au_cinema

  2. Main basse sur la ville, Francesco Rosi1963

Entrepreneur de construction, Edoardo Nottola, conseiller municipal de droite, convainc le maire de la ville et ses amis politiques, de l'aider dans son ambitieux projet d'urbanisation d'une zone agricole situé en périphérie nord.

C'est alors que survient une catastrophe : ébranlé par les travaux de construction, un immeuble vétuste du quartier populaire de Vito Sant'Andréa s'effondre provoquant des morts et de nombreux blessés.

Par la bouche du conseiller de Vita, la gauche demande l'ouverture d'une enquête. Cette catastrophe est à ses yeux la conséquence d'une vaste spéculation immobilière dont Nottola est le principal artisan. De Angeli, leader du centre, soutient cette demande.

Une commission d'enquête est nommée où sont représentés les trois partis politiques. Mais Maglione, leader de la droite, et les siens, font durer la procédure. Pourtant, en dépit du respect des règlements administratifs, il apparaît évident qu'il y a eu complicité des services techniques municipaux dans la délivrance des permis. Maglione propose un blâme public contre l'entrepreneur, lequel contre-attaque en faisant état de son désir d'être nommé assesseur du futur maire.

Après avoir demandé qu'on indemnise à ses frais les familles sinistrées, Nottola se fait inscrire sur la liste centriste. Ce qui provoque une crise de confiance chez Balsamo, le médecin humaniste centriste, membre de la commission d'enquête. La liste centriste sort vainqueur des élections et De Angeli est élu maire avec l'appui de la droite.

Mais la droite refuse de soutenir la candidature de Nottola au poste d'assesseur. Pourtant, dans l'intérêt de la coalition de centre droit, la réconciliation entre Notolla et Maglione s'avère indispensable. Elle devient effective malgré la menace de scission de Balsamo et de ses amis et la violente opposition de De Vita et son groupe. Notolla peut continuer ses spéculations immobilières : on inaugure en grande pompe ses constructions sur l'ancienne zone agricolen où, dès le départ, il avait prévu de les édifier.

Rosi dénonce la corruption des politiques locaux qui destinent les fonds spéciaux octroyés par le gouvernement pour développer le sud (300 milliards de lires) à viabiliser des terrains choisis par un entrepreneur privé. Celui-ci les fait participer à ses opérations immobilières en échanges de modification des zones d'urbanisme au profit de terrains qu'il a acheté à vil prix, d'assainissements gratuits, de passe-droit pour une délivrance rapide de permis et d'indulgence envers l'application des règles de sécurité. Tout le monde y gagne le gouvernement qui s'attache le vote des locaux, les locaux et l'entrepreneur dont le profit approche les 5000 %.

Le coup de génie de Rosi est de faire interpréter l'entrepreneur Nottola par Rod Steiger ce qui lui donne une ampleur et une carrure que n'ont aucun des autres personnages du film. Son intelligence politique, ses moments de doute puis d'action le rendent bien plus sympathique que les politiques, au pire profiteurs (Maglione qui joue au casino pendant que Nottola s'apprête à rejoindre le parti du centre) au mieux impuissants (de Vita et Balsamo). Les plus belles séquences, la nuit seul dans son bureau ou les meilleurs bons mots ( En politique, on est amis tant que c'est utile) lui sont réservés.

De Vita est le fer de lance de la commission même si son but a été réduit de la spéculation immobilière à l'étude de l'intégrité des services municipaux dans l'affaire de vico san andrea. Il parvient à mettre en évidence que les services de la mairie édictent des règles mais ne les font pas vérifier, se réfugiant derrière un éventuel procès judiciaire en cas d'accident. L'ingénieur se réfugie derrière la stricte application de sa capacité de jugement au vu des plans à sa disposition. Il ne lui était ainsi pas possible de discerner sur les plans si les murs étaient mitoyens ou s'il y avait un mur commun pour les deux immeubles. Da Vita parvient même à prouver que l'espace public a été vendu au privé sans en aviser le conseil municipal et donc sans contrôle de l'opposition. Le permis a été obtenu en trois jours contre un an en règle générale par la société Bellavista contrôlée par Edoardo Notolla avec son fils comme directeur des travaux.

Habile sur le terrain parlementaire, il l'est beaucoup moins dans l'espace public lors de sa confrontation avec Nottola dans les nouveaux bâtiments construits par ce dernier. Coincé dans un angle, la voix caverneuse la mise en sène montre son impuissance dans sa discussion avec Nottola.

Il assiste pareillment impuissant à l'expulsion des familles de Vico San Andrea. Enfin le travelling arrière le fait apparaître tout petit lors l'avant-dernière séquence qui précède la pose de la première pierre par Nottola.

Balsamo n'a pas la même impuissance que de Vita vis à vis du peuple. De part son métier d'abord ; chirurgien, il soigne les enfants. Son indignation reste intacte quand les principes de la préservation d'un espace public sont mis en cause. Ecœuré par l'alliance de son chef, de Angeli avec Nottola, il présente sa démission mais la retire se rangeant de l'avis de ce dernier sur l'importance de rester dans le combat et l'idée qu'on ne peut le mener à bien qu'en gagnant les élections même au prix d'une alliance contre-nature. Le fait qu'on ne le voie pas lors de la séquence finale le laisse hors de la compromission de De Angeli. Rosi avait déjà épinglé ce dernier pour son goût étriqué consistant à garder pour lui au secret des œuvres d'art du passé.

"Rien ne vous arrête pour vous remplir les poches" avait dit De Vita qui souhaitait que les édifices soient bâtis selon la loi et non selon l'intérêt des puissants. Ce n'est ainsi pas tant les hommes que dénonce Rosi mais l'alliance des politiques les plus fins et des entrepreneurs les plus dynamiques pour abandonner les principes publics au nom de l'enrichissement personnel. Le carton final prend ainsi tout son sens : "Les personnages et les faits narrés ici sont fictifs. Alors que sont réels, le climat social et le milieu qui les ont générés".

Ce constat n'a hélas rien de bien exhaltant ou positif. Le peuple, au-dela de la joie des élections (images d'archives avec camions de supporters, annonce sous la pluie et affichettes brûlées sur la place en fin de soirée) apparait impuissant et sans conscience ainsi de ces mamas qui viennent quémander de l'argent à l'ancien maire qui leur distribue avec une méprisante bonhomie.

Jean-Luc Lacuve le 20/02/2008

source: http://www.cineclubdecaen.com/realisat/rosi/mainbassesurlaville.htm

extrait: http://youtu.be/zf_0tuMPay8

A lire: http://static.eyrolles.com/img/2/8/6/3/6/4/6/5/9782863646588_h430.jpg

Apprendre à voir la ville, Bruno Zévi, ed Parenthèses, 2011

Véritable pendant du célèbre Apprendre à voir l'architecture, ici pour la compréhension de l'urbanisme, Apprendre à voir la ville permet de cerner tous les ingrédients de la production urbaine à travers l'exemple de la première ville moderne d'Europe : Ferrare, restructurée par Biagio Rossetti au XVIe siècle. " Si Rossetti est le premier urbaniste moderne d'Europe, c'est aussi parce qu'il incarne une nouvelle figure professionnelle, plus proche de celle de l'architecte contemporain conditionné par le team-work, que de celle de l'artiste traditionnel prêt à renoncer à une vaste production pour dessiner et modeler tous les ornements de chacune de ses œuvres ". Il ne s'agit pas seulement d'observer la spécificité de l'opération urbanistique à partir du noyau médiéval. " Voir la ville " implique d'observer l'ensemble du processus de planification au coeur des structures urbaines comme une oeuvre d'art, avec l'émergence d'éléments architectoniques telles que la place et la rue, dans une sorte de poétique de l'angle et de l'inachevé.

A consulter: une thèse de géographe : http://tel.archives-ouvertes.fr/docs/00/53/66/02/PDF/ThA_se_MOLINA_dA_pA_t_BU.pdf

Elle traite des projets urbains liés à la littérature et aborde la question dans les trois départements de l'Académie.

Une Académie, trois départements. Liste alphabétique des communes et des établissements qui s'y rattachent, avec le site qui présente le lycée...Toujours utile pour une première affectation.

http://cecoia2.ac-creteil.fr/etabs/

- La Seine Saint Denis:

d'abord quelques liens utiles:

  1. http://www.seine-saint-denis.pref.gouv.fr/pdf/histoire/apercu_historique.pdf
  2. http://www.seine-saint-denis.fr
  3. http://www.gralon.net/hotels-france/seine-saint-denis/hotels-departement-seine-saint-denis.htm
  4. http://www.rencontreschoregraphiques.com/2012/les_rencontres_choregraphiques_2012
  5. http://93.agendaculturel.fr/
  6. http://www.franceculture.fr/tags/24h-seine-saint-denis
  7. http://www.monde-diplomatique.fr/2012/03/BREVILLE/47494 :

horizontalité des espaces sans hommes

du côté de Vitry
du côté de Vitry
du côté de Vitry
du côté de Vitry
du côté de Vitry
du côté de Vitry
du côté de Vitry
du côté de Vitry
du côté de Vitry

du côté de Vitry

Présentation des villes de l'Académie de Créteil

- Le Val de Marne

C'est le département de l'Académie puisque c'est là qu'on trouve Créteil.

- http://www.cg94.fr/

site du Conseil Général

- http://www.val-de-marne.pref.gouv.fr/

site des démarches administratives

- http://www.valdemarneinfos.com/

site des actualités du département

voir la ville...dans ses jeux de lignes .
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C'est du béton: repenser certains préjugés.

Quand on arrive dans certains quartiers on a tendance à dire que "le béton c'est moche". Voilà deux articles qui amènent à nuancer ces propos:

Théâtre d'Aubervilliers 1962

mariage à Villejuif en 1959